Les information présentées dans cet article ne peuvent en aucune façon se substituer à un diagnostic ou à un traitement médical qui demeurent la démarche indispensable de votre médecin traitant pour identifier et soigner une maladie. L’objectif de l’auteure est de faire mieux connaître le Syndrome de l’Intestin Irritable.

Introduction
Le Syndrome de l’Intestin Irritable (SII), également connu sous les noms de colopathie fonctionnelle ou trouble fonctionnel intestinal (TFI), est l’un des troubles digestifs les plus fréquemment rencontrés en consultation de gastro-entérologie. Bien qu’il ne mette pas en danger la vie des personnes atteintes, il peut considérablement altérer leur qualité de vie au quotidien. Ce syndrome se caractérise par un ensemble de symptômes digestifs chroniques, sans lésion organique identifiable, qui varient en intensité et en fréquence d’une personne à l’autre.
Cet article a pour objectif de faire le point sur les symptômes, les critères diagnostiques, les causes suspectées, ainsi que les spécificités du SII.
Qu’est-ce que le SII ?
Le SII est un trouble du fonctionnement de l’intestin grêle et du côlon, qui se manifeste par des symptômes digestifs persistants durant plus de trois mois. Ces symptômes incluent :
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des douleurs abdominales ;
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des gaz et ballonnements ;
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des troubles du transit intestinal : constipation, diarrhée ou alternance des deux.
Il peut ressembler, dans sa présentation, au SIBO (Small Intestinal Bacterial Overgrowth), une pullulation bactérienne de l’intestin grêle, mais sans la même origine microbiologique. Une personne peut souffrir de l’un sans être atteinte de l’autre.
Les critères diagnostiques du SII
Le diagnostic du SII repose principalement sur les critères de Rome IV, établis en 2016. Ces critères précisent que les symptômes doivent être présents depuis au moins six mois, et inclure une douleur abdominale récurrente au cours des trois derniers mois, associée à au moins deux des caractéristiques suivantes :
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modification de la fréquence des selles ;
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modification de leur consistance ou forme ;
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soulagement ou aggravation lors de la défécation.
D’après : Maladies fonctionnelles digestives : mise au point concernant la classification Rome IV
Drs Mariola Marx, Hugo Maye, Karim Abdelrahman, Roxane Hessler, Eleni Moschouri, Nurullah Aslan, Sébastien Godat, Cristina Nichita, Paul Wiesel, Laura Perez, et Pr Alain M. Schoepfer.
Revue Médicale Suisse, 2018 ; 14 : 1512-1516.
« Les maladies fonctionnelles digestives représentent les troubles les plus fréquemment rencontrés en consultation de gastro-entérologie, représentant près de 40 % des motifs de consultation.
Selon le groupe de travail de Rome, ces troubles ont été classifiés en fonction des différentes zones anatomiques du tube digestif soupçonnées d’être responsables des symptômes. Cette classification permet ainsi de distinguer les troubles fonctionnels œsophagiens, gastroduodénaux, intestinaux, anorectaux, ainsi que ceux impliquant la vésicule biliaire et le sphincter d’Oddi.
À l’intérieur de chaque groupe anatomique, des sous-catégories diagnostiques sont définies selon la nature des symptômes observés et leur lien avec certains phénomènes physiologiques ».
Formes cliniques et spécificités du SII
Le SII se décline en plusieurs types, selon la nature dominante des troubles intestinaux :
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SII avec diarrhée prédominante (IBS-D) ;
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SII avec constipation prédominante (IBS-C) ;
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SII mixte (IBS-M), alternant diarrhée et constipation ;
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SII inclassable, présentant les douleurs typiques sans correspondre aux catégories précédentes.
Ce syndrome est souvent associé à d’autres manifestations extra-digestives telles que migraines, douleurs pelviennes ou dorsales, troubles du sommeil, fatigue chronique, anxiété ou dépression.
Sur le plan biologique, on observe fréquemment :
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une dysbiose intestinale (déséquilibre du microbiote) ;
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une perméabilité intestinale accrue ;
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des intolérances alimentaires (gluten, lactose, FODMAPs) ;
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une amélioration possible des symptômes avec des jeûnes intermittents ou des probiotiques.
Cependant, les régimes pauvres en FODMAPs doivent être pratiqués avec précaution et pour une durée limitée (maximum trois mois), au risque d’appauvrir le microbiote.
Les causes possibles du SII
Les origines du syndrome restent multifactorielle et en partie inexpliquées, mais plusieurs facteurs sont fréquemment impliqués :
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prédispositions génétiques (fréquence familiale) ;
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antécédents d’infections intestinales ou de traitements antibiotiques à répétition ;
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alimentation déséquilibrée et pauvre en fibres ;
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perturbations hormonales (ex. : syndrome prémenstruel) ;
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stress chronique ou épisodes de dépression ;
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altération de la communication entre le cerveau et l’intestin (axe intestin-cerveau).
Le diagnostic du SII : méthodes et outils
Outre l’évaluation clinique et les critères de Rome IV, plusieurs examens permettent d’exclure d’autres pathologies :
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anamnèse complète, incluant les antécédents personnels et familiaux ;
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examens biologiques : sanguins (recherche d’anémie, maladie cœliaque), analyse des selles, etc. ;
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examens endoscopiques (coloscopie, endoscopie digestive) en présence de signes d’alerte (perte de poids, saignements…).
À l’étranger, notamment aux États-Unis, un test appelé IBS Smart est disponible. Il recherche la présence d’anticorps anti-vinculine et anti-CdtB, qui peuvent apparaître suite à une intoxication alimentaire et être impliqués dans le dysfonctionnement du complexe migrant moteur intestinal.
Conclusion
Le Syndrome de l’Intestin Irritable est un trouble fonctionnel digestif chronique, fréquent mais encore mal compris, dont les symptômes peuvent fortement impacter la vie quotidienne des sujets atteints. S’il n’entraîne pas de complications graves, sa prise en charge nécessite une approche globale, intégrant alimentation, gestion du stress, et parfois soutien médical et naturopathique.
Grâce à une meilleure connaissance des signes cliniques, des causes potentielles et des outils diagnostiques comme les critères de Rome IV, il devient possible d’affiner les prises en charge personnalisées. Comprendre le SII, c’est aussi mieux vivre avec et retrouver une meilleure qualité de vie.
Pour aller plus loin: Article sur le SIBO: Comprendre le SIBO: un trouble intestinal désormais identifié comme une pathologie.
Sylvie Borrat, Heilpraktiker-Naturothérapeute